Le TCS et la vogue du Vélo électrique

Pourquoi le TCS fait-il la promotion du vélo électrique?

Fondée par des cyclistes en 1896, le TCS a toujours donné une place au vélo dans son engagement pour permettre à ses membres de garantir sa mobilité personnelle et le libre choix de son mode de transport. La densité du trafic dans les villes contribue désormais à l’abandon de la voiture au profit des deux-roues. Au cours des dernières années, de nombreuses villes ont déployé une politique de développement urbain et de planification des transports favorable à la bicyclette. Le vélo électrique représente en outre un atout majeur pour la remise en forme physique et la mobilité écologique. En 2018, le peuple suisse a approuvé par une nette majorité l’arrêté fédéral sur le vélo. Pour le TCS, cela permet de reconnaitre le vélo comme mode de transport à part entière et d’inscrire dans la constitution la nécessité de développer des infrastructures dédiées susceptibles d’améliorer la fluidité du trafic et d’accroître la sécurité routière.

Est-il vrai que le vélo électrique a le vent en poupe à l’heure actuelle?

En Suisse, 338 000 vélos ont été vendus en 2017. Avec près de 90 000 objets vendus, les e-bikes ont atteint un nouveau record, en croissance de 16,3 pourcents. Autrement dit, un vélo sur quatre vendu en Suisse contient désormais un moteur. Très prisé par les seniors, les pendulaires ainsi que par les jeunes familles avec enfants, l’e-bike est devenu en quelques années une réelle alternative aux autres moyens de transports. La tranche des 40-70 ans en est particulièrement friande. Généralement plus onéreux que les modèles sans assistance, les vélos électriques sont aussi de plus en plus présents dans l’économie de partage (bikesharing).

Rouler en vélo en Suisse est-il dangereux?

Les usagers des deux-roues et les piétons sont parmi les plus exposés en matière d’accidents graves ou mortels. Pour les cyclistes, le nombre de mort à toutefois baissé au premier semestre 2018, par rapport à 2017. Le nombre d’accidents pour les usagers des e-Bike est par contre en augmentation. 

«Si le nombre de blessés graves est en baisse pour la majorité des usagers de la route, il a augmenté pour les conducteurs de vélos électriques – en particulier la tranche d’âge des 40 ans et plus – passant de 103 à 138 cas. Les conducteurs âgés de 40 à 49 ans se sont gravement blessés en conduisant surtout des vélos électriques rapides, tandis que les personnes âgées de plus de 50 ans ont été plus nombreuses à se blesser en conduisant un vélo électrique lent». Extrait du communiqué de l’OFROU (lwww.astra.admin.ch)

Le vélo électrique doit être apprivoisé avec prudence. Les e-bikes peuvent atteindre des vitesses élevées, notamment les plus rapides (plus de 45km/h). Leur vélocité peut surprendre les non-initiés, ainsi que les autres usagers de la route, qui ne les ont pas encore intégrés dans leur horizon culturel. Les statistiques montrent que le nombre d’accident graves impliquant des e-bikes est en constante augmentation. Des campagnes de prévention ciblées sont mises en place, de même que des formations pour bien apprivoiser leur comportement avant de se lancer dans le trafic.

Comment améliorer la visibilité de nuit des cyclistes?

Le risque d’accident est en effet trois fois plus élevé la nuit ou dans l’obscurité que le jour. Il est même dix fois plus élevé en cas de pluie, de neige ou de contre-jour. Comme le souligne la campagne de prévention routière «Made visible» menée par le TCS pour le Fonds de sécurité routière, il est très important dans un premier temps de respecter l’obligation légal de circuler avec les phares avant et arrières allumés de nuit ou lorsque les conditions météos péjorent la visibilité, mais aussi de s’équiper d’accessoires et d’habits réfléchissants. Mais pas seulement la nuit, il est aussi important d’être visible durant la journée. Les cyclistes et les piétons vêtus de couleurs sombres se voient seulement à une distance de 25 m. Les couleurs claires et fluos portent la visibilité à 40 m et les éléments réfléchissants à 140 m.

Le TCS est-il en mesure de donner des conseils sur la qualité des vélos électriques? D’ailleurs, est-ce bien nécessaire?

Le TCS teste depuis plus de 60 ans tous types de véhicules sur deux, trois ou quatre roues: voitures, camping-car, motos, vélos, eBike et plus récemment les nouveaux engins électriques assimilés à des véhicules (trottinettes électriques, monowheel, etc). Pour cela, il peut compter sur le département Conseils en mobilité, basé à Emmen, dans le canton de Lucerne et sur ses experts. En tant qu’association à but non lucratif, nous nous engageons pour défendre les intérêts de nos membres. Par notre engagement concret en matière de tests, nous apportons une contribution essentielle à la prévention et ainsi à la minimisation des accidents et à la réduction de la gravité des accidents. Nous informons et conseillons les usagers de la route sur les produits et services qui les concernent et nous nous engageons pour les consommateurs de manière indépendante et professionnelle.

Une polémique s’est enclanchée sur la rapidité des e-bikes. Quels sont les conseils du TCS pour régler ce conflit entre piétons et e-bikers?

Le rapport de la mobilité du TCS paru en automne dernier a toutefois révélé que 39% des piétons ou des cyclistes ont connu une situation de conflit pouvant entrainer un accident dans le mois qui a précédé le sondage. L’analyse en détail révèle que les conflits entre piétons et cyclistes ou cyclistes entre eux est malheureusement bien réel. En matière de sécurité routière, il convient de séparer les questions de comportement du mode de transport lui-même. Les eBike lents et rapides sont soumis à des règles que l’usager est tenu de respecter. Le TCS recommande en outre d’adapter sa conduite aux conditions de circulations et surtout à respecter les autres usagers de la route, quel que soit leur mode de transport. 

Les remorques des vélos électriques sont également de plus en plus à la mode. Leur vogue correspond au boom des e-bikes. Ces remorques semblent bien fragiles. Est-il possible d’assurer la sécurité de ses deux petits enfants et comment? Que conseille le TCS? 

Les nouveaux vélos cargos électriques, qui permettent de transporter sans effort deux enfants ou jusqu’à 100 kg, sont un bon exemple de la manière dont la circulation urbaine peut être plus économe en ressources. En tant qu’alternative efficace, économique et saine à l’automobile classique, ils rencontrent un intérêt croissant auprès des familles ainsi que des entreprises privées et publiques. Alors que dans des villes danoises et néerlandaises comme Copenhague et Amsterdam, le vélo-cargo a été le vélo de route principal de la ville pendant des décennies, l’intérêt croissant pour le vélo-cargo en Suisse et dans d’autres pays a été déclenché par l’introduction du moteur électrique dans ce segment de vélo. Celui-ci fournit en effet des services de transport de personnes et de marchandises qui ne pouvaient auparavant être assurés que par la voiture et, contrairement au transport public, de porte à porte, sans avoir besoin d’une place de parking. Il peut être utilisé partout et peut également être facilement combiné avec d’autres moyens de transport. Ces engins ne présentent pas de sources de danger supplémentaires par rapport à d’autres formes de transport pour enfants pour les cyclistes (sièges enfants, remorques). Stables et maniables, ils offrent l’avantage de placer les enfants devant soi, pour permettre une meilleure vision de l’encombrement sur la voie publique pour le choix de ses trajectoires, notamment en courbe.  

Du point de vue de la planification et de la politique des transports urbains, c’est donc un instrument idéal pour alléger la charge pesant sur les transports publics urbains et pour réduire les transports individuels motorisés classiques. Preuve en est le succès grandissant de carvelo2go, la plateforme suisse pour le partage des vélos-cargos électriques, créée par l’Académie du TCS, avec le soutien du Fonds Engagement Migros. Fin 2018, plus de 8000 clients que compte carvelo2go peuvent louer plus de 170 vélos-cargos électriques dans 40 localités suisses, dont Zürich, Berne, St-Gall, Lucerne Bâle, Lausanne et Genève.

Propos recueillis par Pascal Claivaz

www.tcs.ch