Louis Villeneuve

Breton de naissance mais suisse de coeur, Louis Villeneuve a consacré 40 ans de sa vie au célébrissime restaurant de l’Hôtel de ville de Crissier, où il est entré, en 1975, au service de Freddy Girardet, puis du regretté Philippe Rochat, enfin de Benoit Violier qui en a pris la relève. Directeur de salle, il est, en quelque sorte, le visage des lieux. 

La peine est encore vive et nous n’insisterons pas: Louis Villeneuve nous confiera tout de même que, s’il avait trouvé une stature du père en Freddy Girardet, sa relation avec Philippe Rochat exprimait d’avantage un lien d’amitié, alors que celle avec Benoit Violier, dont il a connu les débuts dans la place, tenait plus du conseil discret et de la confiance.

Le «Majordome de Crissier» n’a pas pour habitude de se mettre en avant. De nature discrète, il représente le visage de cet endroit fabuleux, mais incarne aussi l’attention et la mémoire des clients de ce lieu de légende, des plus célèbres aux plus méconnus, à qui il voue d’ailleurs une attention toute particulière, attendri par l’effort qu’ils consentent pour s’offrir ce rêve somptueux, une ou deux fois dans leur existence.

Des habitudes et petites manies des stars familières de Crissier, Louis Villeneuve n’ignore pas grand-chose, grâce à quelques fiches, mais surtout à une mémoire aussi exceptionnelle que l’établissement. Il garde aussi des souvenirs étincelants de Charlie Chaplin, Jacques Brel, Philippe Noiret et tant d’autres, artistes ou peintres, tel Dali qu’il révère et dont il conserve amoureusement quelques lithographies.

Peu pressé de faire valoir ses droits à la retraite, Louis Villeneuve n’a pas encore décidé de passer la main, et sa forme actuelle n’en donne aucun signe. Il faut dire aussi que ce travailleur infatigable cultive sa santé à travers sa passion pour le sport: voile, équitation, tennis, ski et – tradition de la maison oblige – vélo, bien sûr, dont il possède une vraie collection, même s’il ne s’adonne plus qu’au VTT, depuis qu’une voiture l’a violemment bousculé, voici bientôt vingt ans.

Ses qualités reconnues par l’Ordre national du mérite, qu’il a reçu en 2006, non content de choyer ses clients avec la même délicate attention, Louis Villeneuve s’attache aussi à épauler et conforter les jeunes pousses qui manifestent de la passion et du talent sur le même terrain que lui. C’est ainsi qu’il a, récemment et dans le cadre de la Cité des métiers de Palexpo (GE) parrainé le trophée des apprentis genevois de la restauration (TAG), organisé par la Société des Cafetiers Restaurateurs et Hôteliers de Genève et Hôtellerie Suisse Genève, dont Manon Guyot, du BG café, est sortie brillant vainqueur.

JF Ulysse