Se préparer à l’après-covid

Hôtellerie genevoise

Les chiffres diffusés récemment par Hôtellerie Suisse sont catastrophiques, quelles sont vos prévisions pour Genève dans les mois à venir ?
Gilles Rangon : Les 12 derniers mois sont les pires que notre profession ait connus, avec un taux d’occupation moyen qui varie entre 5% à 15%, et plus particulièrement à Genève, hôtellerie urbaine qui souffre davantage que les autres villes en Suisse. Il est très difficile de se projeter. Mais une reprise de l’activité va dépendre du niveau de la vaccination à Genève, de même qu’en Suisse et en Europe. Celle-ci devrait permettre d’atteindre un niveau d’immunité collectif suffisant pour sortir de la crise. Entre-temps, le masque, la distanciation sociale, les concepts de protection sont incontournables. Face à une population qui gronde et certaines entreprises à genoux, les décisions du Conseil fédéral sont très attendues. Il s’agit de choix difficiles qui ne font pas l’unanimité. Nous espérons renouer avec une certaine « normalité » avec l’arrivée des beaux jours et regagner un équilibre nécessaire sur le point sanitaire, social et économique.

Que peut faire l’hôtellerie de ville pour s’en sortir ?
G. R. : Au-delà de sa qualification urbaine, Genève souffre d’une double peine liée à l’absence de tourisme d’affaires, et à celle des activités des organisations internationales et des congrès. Ce n’est donc pas le modèle d’affaires qui a failli, c’est la crise sanitaire et les restrictions mises en place en Suisse et à travers le monde qui en sont l’unique cause. Sur ce plan, l’avenir devrait permettre de retrouver des couleurs. Mais en parallèle, la destination doit aussi adapter son offre à un tourisme de loisir et de passage. Genève est à la croisée des chemins, et sa centralité en Europe au cœur des axes Nord-Sud, Est-Ouest, en fait un relais d’étape de qualité quels que soient les modes de transports. L’offre genevoise est véritablement attractive : environnement naturel, gastronomie, hébergement, patrimoine historique et culturel,… D’autres pistes doivent cependant être explorées, telles que l’ouverture des commerces le dimanche afin de désengorger la pression du samedi pour des raisons sanitaires et être compétitif avec d’autres destinations.

Gilles Rangon président de la Société des hôteliers genevois.

Vous sentez-vous soutenus par les autorités, qu’elles soient locales ou fédérales ? Que pourraient-elle faire de plus ?
G. R. : Les RHT permettent de conserver nos collaborateurs qui représentent une incontestable valeur ajoutée pour nos entreprises et ainsi de maintenir un savoir-faire acquis au fil des années. Concernant les aides, nous relevons une nouvelle prise de conscience bienvenue du Conseil fédéral en faveur de tous les acteurs de la profession du tourisme. A cet égard, nous pouvons être soulagés de l’évolution des critères d’obtention et une meilleure égalité de traitement, notamment envers les grands établissements.

Cela étant, le plafond d’aide doit encore être revu à la hausse pour que des établissements dotés d’un fort capital ne soient pas pénalisés. En outre, nous relevons des temps d’attente trop longs entre le dépôt des demandes et le versement des aides. Selon certains membres, il peut s’écouler un mois, voire plus.

Manuella Magnin