Votations du 18 juin 2023

Initiative 185 : non à une nouvelle proposition de hausse des impôts
Le peuple sera amené à se prononcer le 18 juin sur une augmentation de l’impôt sur la fortune dans le cadre de l’initiative 185.

En Europe, la Suisse fait figure d’exception en matière d’impôt sur la fortune. La plupart des pays membres de l’Union européenne soit n’en prélèvent pas, soit en prélèvent un qui n’est pas comparable à celui que nous connaissons en Suisse.

Au niveau fédéral, cet impôt a été supprimé en 1959. Il incombe donc aux seuls cantons et communes de le prélever chaque année auprès des personnes physiques.

Genève se positionne en tête des cantons les plus gourmands en impôts. Il est celui de Suisse où, s’agissant des impôts directs des personnes physiques, les collectivités publiques disposent des recettes fiscales par habitant les plus élevées. Genève fait donc malheureusement honneur à sa réputation en ponctionnant quelque 34% de son potentiel de ressources. En d’autres termes, les recettes fiscales genevoises se montent à plus d’un tiers des revenus, fortunes et autres bénéfices imposables. À l’autre extrémité de l’échelle, le fisc zougois se contente de 11,2%.

Malgré ce constat, l’initiative 185 introduit une augmentation de 50% de cet impôt sur les fortunes de plus de 3 millions de francs durant 10 ans. Par ailleurs, elle modifie d’une manière pérenne le calcul du bouclier fiscal, ce qui aura pour effet qu’un certain nombre de contribuables, dont une partie sont des entrepreneurs et dont l’imposition est aujourd’hui plafonnée à 71,5% de leurs revenus, ne pourront plus profiter de cette protection contre le caractère confiscatoire de l’impôt.

L’initiative 185 pénalise donc les entrepreneurs créateurs d’emplois et affaiblit les PME. À Genève, comme dans le reste du pays, les PME génèrent l’essentiel des emplois et paient des impôts élevés. Or, les propriétaires de PME – qu’il s’agisse de sociétés anonymes ou de sociétés à responsabilité limitée, soit l’immense majorité des entreprises –, en plus d’être taxés sur le bénéfice et sur le revenu, s’acquittent d’un impôt sur les parts qu’ils détiennent dans leur entreprise, c’est-à-dire sur leur outil de travail. Avec le système actuel, plus l’entreprise se développe, crée de l’emploi et de la valeur pour son canton, plus l’entrepreneur est pénalisé. Si elle était acceptée, l’initiative aggraverait cette situation déjà plus mauvaise à Genève que dans les autres cantons, en portant un coup de poignard aux PME et aux entrepreneurs.

De plus, cette initiative ferait de Genève un enfer fiscal car elle produirait un double effet : augmenter l’impôt sur la fortune et diviser pratiquement par deux le nombre de contribuables qui bénéficieraient du bouclier fiscal. Si les dix contribuables les plus impactés devaient partir, il faudrait plus de 15 000 contribuables moyens pour les remplacer.

Genève n’a pourtant pas de problèmes de revenus. Depuis 2012, les recettes fiscales cumulées du canton et des communes ne cessent de croître et atteignent désormais quelque dix milliards de francs, avec un excédent de 1,3 milliard de francs, selon les comptes 2022.

Cette initiative est donc dangereuse pour l’économie, les PME ainsi que pour de nombreux entrepreneurs. Dès lors, il convient de la rejeter avec vigueur le 18 juin prochain.


Initiative 181 : les 35 heures françaises, mais en pire
L’initiative 181 demande que l’on crée tous les ans et sans limite dans le temps un certain nombre de postes, publics ou dans des entreprises sans but lucratif, destinés à certaines politiques publiques, c’est-à-dire dans les métiers de l’écologie, de la santé ou du social. Ces emplois dépendent du taux de chômage et leur nombre varie d’année en année. L’initiative promeut par ailleurs la semaine de 32 heures sans diminution de salaire au sein de la fonction publique comme dans l’économie privée, à l’horizon 2030.

Dans les faits, l’initiative multiplie le nombre de postes publics créés chaque année, alors même que l’évolution de la fonction publique est largement supérieure à celle de la population. Elle alourdit les finances et accroît l’endettement de l’État. Elle limite la marge de manœuvre de ce dernier en affectant des sommes importantes à ces postes, au détriment d’autres politiques publiques. En outre, l’initiative ne prend pas en compte la différence entre les exigences des postes créés et les qualifications effectives d’une population à laquelle elle dit vouloir les dédier (les emplois jugés précaires) et ne contient aucune disposition sur la formation, pourtant indispensable pour compléter certains profils qui ne trouvent pas de place sur le marché de l’emploi. En d’autres termes, elle affaiblit la cohésion sociale en créant des emplois qui ne pourront être occupés par la population visée.

L’initiative est donc totalement dogmatique et fait fi de la réalité économique et sociale de Genève. Elle voudrait concrétiser le rêve d’une économie planifiée, dans laquelle tout serait décidé à l’avance : des emplois qui s’adapteraient aux besoins des salariés jusqu’à la consommation des citoyens qui serait plus vertueuse.

En conclusion, cette initiative rate sa cible et crée une concurrence déloyale entre l’économie publique et l’économie privée sans pour autant tenir compte des besoins réels de l’économie dans son ensemble. Elle creuse un gouffre financier qu’aucun pays au monde ne pourrait combler. Pour ces raisons, il convient de refuser cette initiative le 18 juin.