Fin du plastique à usage unique: une transition tout en douceur pour la restauration

L’interdiction d’utilisation d’articles en plastique à usage unique dans les restaurants et les services de petite restauration à l’emporter (take away et food truck par exemple) figure parmi les mesures pour réduire les déchets, prévues dans la nouvelle loi cantonale genevoise sur les déchets. Assiettes, couverts, gobelets et boîtes repas en plastique à usage unique ne pourront plus être utilisés après le 1er janvier 2025. Si la loi n’est pas encore en vigueur, et que des oppositions se sont manifestées dans la grande distribution, le train est bel et bien en marche. Des restaurateurs de la République ont d’ailleurs reçu la visite de conseillers pour les aider à s’adapter. « Les faîtières de la branche avancent main dans la main avec l’État par le biais d’une sensibilisation sur le terrain », relève Laurent Terlinchamp, président de la Société des Cafetiers, Restaurateurs et Hôteliers de Genève, qui précise que des alternatives au contenants en plastique à usage unique existent déjà sur le marché, qu’il s’agisse d’autres matières jetables, mais surtout de contenants réutilisables. 

Un enjeu de société
Les plastiques issus du pétrole génèrent notamment des microparticules dans notre environnement immédiat. Ils encombrent les poubelles de l’espace public et des ménages et engendrent beaucoup de déchets qui ne peuvent pas être recyclés ou valorisés. Qui plus est, leur durée de vie est extrêmement réduite : le temps d’un repas ou d’un trajet pour finir dans la poubelle la plus proche ou pire, dans la nature. 

Selon New European Reuse Alliance, chaque citoyen européen jette 180 kg d’emballages par an. Si la moitié de ceux-ci étaient remplacés par des contenants réutilisables, cela permettrait d’éviter le rejet de 3,7 millions de tonnes de CO2, d’économiser 10 milliards de m3 d’eau et 28 millions de tonnes de matériaux.

Sur le terrain
A Genève, les conseillers de l’association ZeroWaste Switzerland se rendent auprès des professionnels de la restauration qui le souhaitent pour les conseiller notamment en matière de tri des déchets, et de recours à la vaisselle réutilisable. « Nous leur expliquons que l’interdiction concerne le plastique à usage unique et non les autres matériaux à l’instar du papier et du carton. Nous leur parlons des contenants amenés par les clients, ou réutilisables consignés, et des avantages en termes de coûts pour leur entreprise », explique Pierre Bedos. Si la consigne fait craindre aux restaurateurs de perdre de la clientèle, les consommateurs semblent, eux, acquis à cette option, comme en témoigne un travail de Master réalisé sur ce sujet à l’Université de Lucerne, et également les interventions auprès du grand public des conseillers de ZeroWaste Switzerland.

L’entreprise ReCircle offre une solution clés en mains pour les restaurants et consommateurs : un réseau avec presque 2 000 restaurants en Suisse, mettant à disposition un emballage consigné et réutilisable, et une application permettant la dématérialisation de la consigne. En clair, le client est débité au bout de 7 jours s’il ne rend pas son contenant chez un membre du réseau. Des développements sont à l’étude avec les entreprises de livraison pour intégrer l’utilisation de cette application dans les commandes.

Des automates
Certains professionnels, qui ont des soucis de logistique et craignent de devoir stocker et laver des contenants, pourraient être intéressés par des solutions encore en gestation, comme l’installation d’automates pour accueillir les boîtes utilisées. De la musique d’avenir, mais force est de constater que le marché du réutilisable est en pleine ébullition.

Manuella Magnin