La restauration sous haute tension

« Nous ne sommes pas des perdreaux de l’année. Nous ne nous nourrissons pas de bonnes paroles ! » En ce début janvier 2022, Laurent Terlinchamp, patron de la Société des Cafetiers, Restaurateurs et Hôteliers de Genève, n’a pas le moral au beau fixe. Et pour cause ! Les restrictions imposées par Berne en pleine vague Omicron sont lourdes à porter pour les tenanciers d’établissements. Les chiffres d’affaires sont en chute libre. Aux contaminations qui ne cessent d’augmenter s’additionne la multiplication des quarantaines. Certains restaurateurs se retrouvent sans collaborateurs pour assurer le service minimum, à l’instar d’autres secteurs de l’économie.

Face à cette pagaille généralisée, les élus de plusieurs cantons insistent aujourd’hui pour raccourcir, voire supprimer des quarantaines qui, visiblement, ne servent plus à grand-chose.

En pleine vague pandémique, Laurent Terlinchamp, comme ses homologues des autres faîtières cantonales et de GastroSuisse, ne perdent pas le cap. 

Janvier rime avec le redémarrage des travaux politiques à Berne. La branche attend aujourd’hui du concret. « Nous n’allons pas lâcher. Nous sommes toujours en attente des directives du SECO (Secrétariat d’État à l’économie) sur la marche à suivre pour l’indemnisation des vacances et des jours fériés payés aux collaborateurs pendant les périodes de fermeture. » Et le patron de la faîtière genevoise de marteler : « Nous avons obéi. Nous nous sommes pliés aux exigences de Berne. Les pertes économiques sont énormes. Nous devons être indemnisés. Nous ne sommes coupables de rien. Nous avons dû fermer par nécessité. Les conditions des aides ne correspondent aucunement au préjudice et au traumatisme que nous vivons. »

De fait, sur le terrain, d’aucuns préféreraient la fermeture et la réactivation des cas de rigueur à la situation actuelle. Les décomptes TVA des établissements sont clairs et aisément comparables à ceux d’avant la pandémie. Avec un minimum de souplesse fédérale, ils devraient permettre de faire des avances de liquidités aux commerces en grande difficulté.

Si les faîtières ressentent la déprime et la fatigue de leurs membres, elles se tiennent à leurs côtés et avancent avec lucidité pour faire valoir leurs droits. « Tout sera entrepris et personne ne doit rester seul dans ce marasme. Les portes des associations cantonales sont grandes ouvertes aux membres qui ont besoin de notre soutien », assure Laurent Terlinchamp.

Manuella Magnin