Les Genevois peuvent à nouveau consommer du lait local

Les Laiteries Réunies de Genève (LRG) inaugurent une nouvelle installation de conditionnement de lait UHT en brique d’un litre renouant ainsi avec une tradition séculaire du traitement local de la production. Interview de Pierre Charvet, directeur général.

Depuis plus de 15 ans Les Laiteries Réunies de Genève neconditionnaient plus de lait local UHT. Pourquoi relancer aujourd’hui le conditionnement ?
En 1997, à la suite d’un accord malencontreux avec la fédération valaisanne nous avons cessé cette activité. A l’époque, je n’avais pas voix au chapitre et bien qu’en désaccord, je n’ai rien pu faire pour m’y opposer.  Mais la situation a bien changé depuis, aujourd’hui, chacun est plus sensible aux problèmes environnementaux et de provenance des produits. Nous avons ainsi pu bénéficier des dispositions liées au label Genève Région-Terre Avenir (GRTA) qui défend quatre valeurs essentielles: la qualité, la proximité, la traçabilité et enfin l’équité qui permet d’assurer un revenu correct aux producteurs.  Dans le cas du lait, la fraîcheur est préservée et les nuisances environnementales dues aux transports sont réduites.

Peut-on en conclure que 2013 a été une bonne année ?
Ce n’est pas si simple. Si je devais résumer en une phrase l’année 2013, je dirais qu’elle a été très difficile et compliquée, mais qu’elle s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencée… Notre activité est bien loin de se limiter au conditionnement du lait et notre secteur carné, en particulier,  a beaucoup souffert de la faillite de la chaîne de supermarché Magro-Casino qui a entraîné la fermeture de nos 11 magasins de boucherie et la perte de leur travail pour 35  bouchers. Mais, heureusement, nous avons pu renforcer nos positions dans le domaine de la boucherie grâce à l’acquisition de la société Maître Brönnimann  et le transfert des activités de celle-ci vers notre site de Satigny. Notre marque Del Maître confirme ainsi sa position de leader suisse à l’export en particulier depuis le développement d’une nouvelle gamme de spécialités portugaises.

Les perspectives pour 2014 sont-elles plus encourageantes ?
Nous poursuivons plusieurs objectifs. Pour l’activité laitière, il s’agira de développer notre volume de conditionnement au-delà des cinq producteurs locaux en l’étendant au canton de Vaud et à la France limitrophe grâce au statut particulier de zone franche. Le rachat de la société Nutrifrais nous a en outre permis de relancer la production des Perle de lait Yoplait et de nos flans Tam Tam, la transformation du lait assurant de meilleures marges que le seul conditionnement. Dans le même esprit nous cherchons à augmenter notre production de fromages, aidés en cela par les trois médailles décrochées aux derniers championnats du monde organisés à Birmingham. Pour le secteur carné, le rachat de Maître Brönnimann nous a permis de retrouver une plus grande autonomie et malgré une rude concurrence, l’avenir se présente sous de bons auspices. Quant au secteur logistique, notre conseil d’administration a déjà entériné deux décisions stratégiques, d’une part en fermant le dépôt de Bussigny près de Lausanne suite à la perte de Magro-Casino, et d’autre part en sous-traitant certains transports longue distance.

Propos recueillis par
Frédéric Finot

Photo: Pierre Charvet, directeur-général des Laiteries Réunies. © DR