L’huile de palme: une polémique sans objet?

L’huile de palme est accusée d’être mauvaise pour la santé et néfaste à l’environnement, mais il semble qu’un consensus s’installe chez les scientifiques pour ne plus la diaboliser.

Le professeur Lecerf, de l’Institut Pasteur de Lille, a cosigné une synthèse sur l’huile de palme en novembre 2012. Il se défend de soutenir cette huile et entend mesurer objectivement ses avantages et inconvénients afin que chacun se fasse un avis.
Sans oublier les problèmes environnementaux que sa culture induit et qui font débat depuis dix ans, le Pr Lecerf ne considère ici que l’aspect nutritionnel et tire plusieurs conclusions.
L’huile de palme se voit réhabilitée par les scientifiques, alors que le public continue à la considérer comme un poison qui obstrue les artères. En fait, les huiles hydrogénées produisent les acides gras trans qui amplifient les risques cardio-vasculaires, augmentant le «mauvais» cholestérol (HDL) et abaissant le «bon» cholestérol (LDL), ce qui n’est pas le cas de l’huile de palme. Autre avantage, elle résiste très bien à la chaleur et contient des tocotriénols et des tocophénols au pouvoir vitaminique E plus important que les autres huiles végétales (rapport pour le FFAS, nov. 2012)

C’est, il est vrai, une des huiles végétales les plus riches en acides gras saturés (AGS), mais, elle en contient moins que les graisses animales.
Parmi les acides gras saturés, trois acides (laurique, myristique et palmitique) s’avèrent favoriser le dépôt de plaques riches en cholestérol sur la paroi interne des artères. Leurs apports dans la ration quotidienne a été quantifié à 8%. Il faut donc en consommer, mais en quantité limitée.
La consommation d’huile de palme, en Europe, est faible, par rapport aux pays asiatiques où elle est produite et utilisée comme produit culinaire domestique. Ici, ce sont avant tout les industriels qui l’utilisent dans leurs produits.
La consommation est estimée entre un à deux kilos par personne et par an. En 2009, on estime sa consommation à 6% de la consommation totale de lipide chez l’adulte, bien en-dessous des recommandations sanitaires.
L’huile de palme pose-t-elle problème? Le professeur Lecerf rappelle que la nutrition est un tout. Si on diminue une chose, c’est pour en augmenter une autre. La modération, avec la variété, est la clef d’une alimentation équilibrée.
Les industriels se doivent d’appliquer le principe de subsidiarité: peut-on faire mieux autrement qu’avec l’huile de palme ? Si oui, qu’ils le fassent. Si non, inutile de faire pire.
Les campagnes « pas d’huile de palme » devraient être limitées, d’un strict point de vue légal: on met l’huile de palme au niveau des aliments dangereux pour la santé publique, comme ceux qui déclenchent des allergies, par exemple. Et cela va loin, puisqu’on trouve des mentions sans huile de palme sur des produits qui n’en ont jamais contenu, telle la margarine à l’huile d’arachide ou de tournesol…
La mention « Ne contient pas de… » s’avère nécessaire, pour les aliments contenant du gluten, pour les malades cœliaques, ou du lactose, pour les allergiques aux protéines de lait, mais mettre dans le même sac l’huile de palme et les produits potentiellement allergènes est déloyal: l’information sous-entend qu’elle est aussi toxique qu’un produit allergène et créée une confusion chez le consommateur, renforçant l’incompréhension entre lui et les industries agro-alimentaires.
 
Il faut donc bien choisir les aliments : ceux qui sont nutritionnellement intéressants, plutôt que les produits gras sucrés et gras salés. C’est là qu’intervient l’éducation alimentaire, et que se situe le vrai problème posé par l’huile de palme. L’huile de palme n’est pas si mauvaise, mais c’est un aliment qui n’est guère  intéressant, comme le précise le Pr Lecerf: les produits qui en contiennent sont surtout des aliments de «plaisir» inutiles, riches en produits gras sucrés et salés. A chacun d’en limiter sa consommation.

JF Ulysse

Photos: © DR: Les mentions «sans huile de palme» sont une façon de s’opposer aux cultures intensives.