Rien à priori ne destinait pourtant cet enfant de Zollikofen, dans la banlieue bernoise, formée à la viticulture, à devenir l’un des derniers pêcheurs professionnels du lac du Morat. « Lorsque nous avons déménagé au bord du lac, mon père qui était entrepreneur s’est lancé dans la transformation du poisson blanc. Lorsque j’ai vu qu’une concession s’était libérée pour la pêche, j’ai sauté sur l’occasion. Le travail est parfois très difficile, mais il offre une grande liberté », explique-t-il avec une pointe d’accent alémanique héritée de ses origines.
La relève est assurée
À 64 ans, cet habitant du joli hameau vigneron de Guévaux, sur la rive nord du lac de Morat, situé à cheval sur la frontière entre les cantons de Vaud et Fribourg, songe à sa prochaine retraite, « sans doute l’année prochaine ». Mais il peut compter sur ses fils, Ilan Page et son frère Ismaël, pour assurer la relève. Tous deux travaillent depuis longtemps avec lui au sein de la petite entreprise familiale qui emploie quatre personnes.
« Ilan est pêcheur professionnel, comme moi. Il me seconde très régulièrement. Quant à Ismaël, il gère notre service traiteur et nos stands de friture. Notre équipe se déplace partout, en Suisse romande, pour proposer des fritures aux visiteurs des foires ou des salons », indique Pierre Schaer précisant que son entreprise loue aussi, à la demande, ses friteuses et son matériel gastronomique aux privés comme aux professionnels pour leurs événements.
Le respect des saisons et des cycles de reproduction
Le lac de Morat est-il poissonneux ? La question arrache un sourire à notre interlocuteur : « Oui ! La pêche est souvent bonne. Mais il faut respecter les saisons et les cycles de reproduction. Le lac nous offre suffisamment de poissons pour nos clients, en particulier les restaurateurs. En revanche pour les grandes fritures, nous sommes obligés d’importer le produit. La demande est trop forte et le lac ne suffit pas. »
Précisons encore que Pierre Schaer est président de l’Association des pêcheurs professionnels du Lac de Morat qui compte quatre membres. Elle fait elle-même partie de l’Association suisse romande des pêcheurs professionnels qui réunit 87 pêcheurs.
Georges Pop