Martin Wiederkehr et le potentiel du vin suisse

La Quatrième édition de la Swiss Wine Week se terminera le 25 septembre. Cette Semaine des Vins Suisses vise à promouvoir les nectars du pays dans les restaurants du pays et à resserrer les liens entre producteurs de vins suisses et restaurateurs. 

Créée en 2014, la Swiss Wine Week est l’événement référent pour la promotion des vins suisses auprès des restaurateurs. Elle est pilotée par Swiss Wine Promotion (SWP), l’organe chargé de faire rayonner l’excellence des vins suisses. Cette Semaine des Vins Suisse essaie de convaincre les restaurateurs de profiter de la force de frappe promotionnelle de SWP. Pour soutenir les restaurants qui font la promotion de vins suisses, Swiss Wine Promotion a développé un site de référence assorti d’un label «vins suisses» pour chaque établissement. Les plus méritants seront médaillés de trois verres, ce qui signifie que leur carte comporte des vins en provenance de 5 à 6 régions viticoles du pays. Deux verres, c’est pour 3 à 4  régions viticoles et 1 verre c’est pour 1 à 2 régions viticoles.

Dix fois plus
Martin Wiederkehr travaille depuis 34 ans dans le secteur commercial viticole. Il a dirigé la Cave de Genève de 2009 à 2017. Cette année, il a repris la présidence de Swiss Wine, aussi pour des raisons familiales. «Je suis un vrai Zürichois et je me rapproche de chez moi», nous confie celui grâce à qui la Cave de Genève a connu ses heures de gloire. «Cette quatrième année de la Swiss Wine Week commence à porter ses fruits», constate Martin Wiederkehr. En effet chaque fin d’été, le nombre des restaurateurs participants augmente. La première année, ils étaient une vingtaine en Suisse romande. Maintenant après quatre ans, ils sont 200 en Suisse romande et 650 dans toute la Suisse.
«Notre objectif est d’être plus actif sur le marché suisse alémanique ou’ l’on trouve un grand potentiel», précise le nouveau président de Swiss Wine. «Il faut attaquer ce marché-là, en particulier les villes. Ce ne sera pas facile, cela se fera progressivement». D’abord on livre 12 bouteilles, puis 24, puis 36 bouteilles. Ce qui s’est passé? «Une réputation se perd très rapidement. Ensuite, c’est très difficile de remonter la pente». Et puis, il y a la très forte concurrence des vins étrangers. Dans les années 1960, par exemple, on ne trouvait guère de pizzeria en Suisse. Depuis, elles ont poussé comme des champignons et, avec elles, les vins étrangers se sont répandus en Suisse.

L’exemple autrichien
«Notre but est d’augmenter nos parts de marché en Suisse. En Autriche par exemple, on consomme 80% de vin autrichien, alors que dans notre pays on ne consomme que 40% de vin suisse. Il reste encore de la marge. En même temps, notre vignoble n’est pas si grand avec ses 15’000 hectares». Mais chaque canton est un monde en soi. «La diversité des cépages et des initiatives est un argument supplémentaire. Enfin, la tendance de la consommation se tourne vers les produits du pays. Il faut en profiter».
Grâce à Swiss Wine promotion, la réputation des vins suisses s’est améliorée, notamment sur la place londonienne. Mais aussi dans le célèbre Guide Parker, où les vins suisses dépassent régulièrement les 90 points, qui signifient un «vin excellent avec une grande complexité». Martin Wiederkehr encourage à pousser la formation duale pour les métiers viticoles, jusqu’au niveau de l’œnologue.
«J’ai fait une très belle expérience avec la Cave de Genève», confie le président de Swiss Wine. «J’ai vu ce qu’il était possible de faire. Maintenant, je pense avoir laissé un très bel outil dans les mains de mon successeur Jérôme Leupin».
Pascal Claivaz