Menaces sur la tomate suisse

La tomate est incontestablement le légume préféré des Suisses. Que ce soit dans les foyers ou en restauration, elle est apprêtée de maintes façons, en entrée, en salade, en garniture, en soupe et bien sûr en sauce, notamment pour accompagner les pâtes. Mais une sourde menace pèse sur elle : un nouveau virus émergent s’attaque aux tomates, aux poivrons et aux piments. Aucun cas n’a été déclaré en Suisse, mais le risque de contamination existe et inquiète les maraîchers.

Aucun risque pour les humains
Les consommateurs n’ont aucune raison de s’alarmer : le virus ToBFV (Tomato brown rugose fruit virus), ou « virus de la tomate marron et rugueuse » s’attaque aux tomates, mais reste parfaitement inoffensif pour les êtres humains qui l’ingèrent. Il inquiète néanmoins les autorités sanitaires et les producteurs, car il se transmet par simple contact. De plus, la contamination est rapide et il n’existe pour le moment aucun traitement. Les tomates infectées, mais aussi les poivrons et les piments, se couvrent de taches jaunes et brunes, se décolorent, dépérissent, et leur chair devient rugueuse et impropre à la consommation.

L’origine du ToBFV reste un mystère. Il était peut-être présent à l’état endémique dans certaines plantes sauvages, mais a peut-être surgi à la suite d’une mutation. Le fait est qu’il a été identifié pour la première fois en 2014, en Israël. Quatre ans plus tard, il avait infecté des tomates produites en serre en Jordanie. De là, il s’est répandu en Turquie, en Chine, aux États-Unis et au Mexique. Actuellement, il est à nos portes, présent en Espagne, en Italie et en Allemagne. Au début de cette année, l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) a lancé une alerte à la vigilance, la France étant pour le moment épargnée. 

Les maraîchers suisses « préoccupés » 
En Suisse, les maraîchers ont été avertis de la possible arrivée du ToBRFV et se disent « préoccupés ». Selon Markus Waber, Directeur adjoint et Chef du secteur Communication, marketing et formation professionnelle à l’Union maraîchère suisse, « les mesures de préventions habituelles, comme une hygiène stricte dans les serres et le choix des plants uniquement sains sont essentiels ». Il précise : « le Centre Agroscope pour la recherche agricole a fait passer une information sur le virus, en précisant les symptômes ainsi que les mesures de précautions et éventuellement d’éradication à suivre. Le ToBRFV est considéré depuis janvier 2020 en Suisse comme organisme de quarantaine potentiel. »

Quant aux consommateurs et aux restaurateurs, il leur est vivement conseillé de ne pas revenir des pays infectés avec des tomates d’origine douteuse et, pour l’immédiat, de garder un œil détendu sur celles qu’ils achètent, servent et consomment ici.

Petite précision : en Suisse, plus de la moitié des tomates sont d’origine indigène. Chez nous, la saison des tomates dure d’avril à novembre, mais la quantité nécessaire pour assurer l’approvisionnement du marché indigène n’est atteinte que vers la fin juin. Les tomates sont cultivées sous serre, car elles apprécient la chaleur et souffrent du vent et des pluies abondantes.  

Georges Pop