Un modèle pour traquer certaines fraudes alimentaires

Les fraises suisses ou l’huile d’olive italienne, par exemple, sont souvent vendues à des prix beaucoup plus élevés que les mêmes produits, de moindre qualité, importés d’autres pays. De ce fait, repérer les déclarations d’origine frauduleuses est une priorité pour l’industrie alimentaire et les administrations nationales. À l’échelle mondiale, les dommages économiques causés par ces fraudes sont estimés à quelque trente, voire quarante milliards de francs par année. Or, une équipe de l’Université de Bâle annonce avoir mis au point une méthode permettant de déceler ces falsifications, en recourant à une analyse chimique des produits concernés. 

Les botanistes de l’Université de Bâle ont validé leur modèle sur un ensemble de données recueillies sur des échantillons de fraises. Photo : © unibas.ch

Un rapport isotopique de l’oxygène
En collaboration avec la société allemande Agroisolab GmbH, basée à Juliers (Jülich), en Rhénanie-du-Nord–Westphalie, l’équipe bâloise a développé une méthode capable de simuler la proportion de certains atomes (rapport isotopique), d’oxygène présent dans les végétaux. Cette proportion est spécifique à chaque terroir. Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont rassemblé, pendant onze ans, des données sur des fraises issues de diverses régions du Vieux Continent. Ce procédé dispense les enquêteurs d’une fastidieuse collecte des données de référence qui caractérisent chaque sol européen. 

Le chercheur Ansgar Kahmen a dirigé la recherche sur les fraudes alimentaires. Photo : © Vera Hartmann

Un modèle valable pour tous les végétaux européens
« Avec des ajustements mineurs des paramètres, notre modèle peut être utilisé pour déterminer l’origine géographique de tous les produits végétaux européens », explique le chercheur Ansgar Kahmen, qui a dirigé la recherche. Ce modèle est basé sur des données de températures, de précipitations et d’humidité, ainsi que sur celles concernant la saison de croissance d’une plante donnée. Ces informations sont désormais disponibles dans des bases de données accessibles au public.

Georges Pop