Hôtel La Prairie, tradition à Yverdon

Derrière son bouquet d’arbres, le 4 étoiles «La Prairie» demeure un jalon important dans l’histoire de l’hôtellerie d’Yverdon-les-Bains. C’est luxe, calme et gourmandises.

A l’origine, il s’agissait d’une pension, la pension Peytermann, acquise en 1892 par Otto Rohrer, chef saucier chez Prunier à Paris. Grâce à ses talents de cuisinier, l’hôtel va connaître un grand succès. A tel point qu’entre 1905 et 1910, selon les documents de l’époque, l’établissement fait le plein régulièrement. Même le maréchal Joffre est venu à La Prairie en 1917. Quatre ans plus tard, en 1921 quelques années avant de prendre sa retraite, Otto Rohrer confie l’établissement à sa belle-fille, Berthe Bach qui s’empresse de vendre la moitié du domaine à un homme d’affaires arménien, Puzant Mazraff. Celui-ci a fait fortune avec le tabac d’Orient et il gère alors les sites thermaux des Bains et de la Prairie. Mais l’homme meurt en 1927, laissant à son fils Léon la gestion de l’Hôtel des Bains. C’est lui qui, en 1924, créa l’usine Arkina. 

Depuis 1936
Du côté des Rohrer, les choses suivent leur cours. En 1936, Berthe transmet «La Prairie» à son fils Gilbert. On est alors en pleine crise et la clientèle étrangère boude l’hôtel. Quant à la clientèle indigène, elle ne lui permet pas d’entreprendre les travaux de rénovation nécessaires à la viabilité de l’hôtel. D’autant plus, qu’à cette époque, l’hôtel ne dispose que de quatre salles de bains pour 36 chambres… Le salut viendra d’un entrepreneur local, amoureux des chevaux, Charles Decker. Après plusieurs années de travaux, et avec le concours d’André et Eva Curchod, il réussira à ouvrir l’hôtel rénové en juillet 1948. La collaboration étroite avec André Curchod d’abord, son fils Jean-Paul ensuite dès 1974, se poursuivra jusqu’à fin 1982. 

A la mort de Charles Decker en 2004, sa femme Françoise poursuivra tant bien que mal l’exploitation de l’hôtel, jusqu’à l’arrivée du «sauveur» Jean-Claude Vagnières en 2014. Henri, le frère architecte de Jean-Claude Vagnières, avait collaboré de longues années avec Charles Decker. 

Aujourd’hui l’enfant du pays, capitaine d’industrie «reconverti» dans l’hôtellerie, a fait de La Prairie, grâce à son entregent, un lieu idéal pour qui souhaite faire une retraite de quelques jours, au calme. L’heureux hôte pourra admirer le paysage alentour et jouir de la cuisine goûteuse et originale de son chef auvergnat. 
Lionel Marquis