Le Domaine des Coccinelles, 25 ans de bio

Le premier domaine viticole bio du canton de Neuchâtel été labellisé en 1992. Pierre Lambert, géologue de formation, lance un projet d’épuration du CO2 dans l’atmosphère. Retour sur un domaine engagé pour la planète. 

Al’occasion du 25e anniversaire du Domaine des Coccinelles, nous avons eu le plaisir de converser avec Caleb Grob, le Directeur des Caves de la Béroche, coopérative  fondée en 1935, dont fait partie la famille Lambert et ses terres: une lignée de visionnaires éclairés.

La nécessité d’un concept tangible
De plus en plus de caves se mettent au bio, 
flairant un potentiel commercial dans l’air du temps, alors que les consommateurs recherchent une plus grande authenticité et une alimentation plus saine et plus respectueuse de l’environnement. Sur le marché du vin la concurrence arrive du monde entier, poussant les domaines à développer des vins concepts, selon un fil rouge marketing bien défini pour chaque domaine. «Nous avons besoin d’une ligne 
cohérente, du raisin à la bouteille, qui inclut naturellement les visuels», dit Caleb Grob. Et de poursuivre: «dans les vins bio, l’attitude va avec». 

Dès 1960
Dans les années 1960 Maurice Lambert, défunt fondateur du Domaine des Coccinelles, l’avait déjà illustré. Cet homme fonceur et foisonnant d’idées avait renoncé, presque d’un jour sur l’autre, aux herbicides. Il voulait revoir des fleurs pousser dans son vignoble. «A l’époque cette initiative avait été confrontée au scepticisme de ses confrères, mais notre cave n’a pas attendu d’être à la mode», note Caleb Grob. Aujourd’hui, fort heureusement, le bio montre le chemin de la raison et il est devenu monnaie courante en viticulture de voir des herbes entre les vignes.

Etonnamment, ce n’est qu’en 1992 que le domaine fit la démarche et obtint la certification biologique. Ainsi estampillé, le vin produit par le Domaine des Coccinelles marque ses 25 ans d’exploitation respectueuse de l’environnement. Il peut réaliser sa mission en véhiculant des messages écologiques et en offrant à sa clientèle un vin local, bio, et élaboré dans le respect de la nature. Les produits phares de l’exploitation sont l’Œil de Perdrix, qui s’exporte hors du canton, le Pinot noir et le Non Filtré. Ce dernier est un vin historique très particulier, qui possède son propre arrêté cantonal. Cet arrêté définit qu’il ne peut être commercialisé que dès le 3e mercredi de janvier, donnant lieu à une grande dégustation au péristyle de l’hôtel de ville de Neuchâtel. Lors de la célébration des 25 ans organisée au domaine le 12 juin dernier, les convives ont parcouru les vignes et découvert les différents types de terrains qui donnent leur caractère particulier aux crus des Coccinelles.

Evacuer du CO2 
Le Domaine des Coccinelles poursuit son parcours pour l’écologie avec la nouvelle génération aux commandes, capable d’intégrer les aspects économiques, écologiques et sociétaux pour une réelle durabilité. «Actuellement, il faut aussi être attentif à l’énergie que l’on utilise», remarque Caleb Grob. «Les bâtiments du domaine ont été dotés de panneaux photovoltaïques. Il y a une douzaine d’années, on y avait déjà installé le chauffage aux copeaux de bois à la place du mazout. Bientôt, le mazout sera également remplacé à la cave». 

En tant que géologue Pierre Lambert, qui a repris le domaine viticole de 20 hectares de vigne, se soucie beaucoup de l’environnement et de l’impact de l’homme sur l’écosystème. Il veut limiter les émissions de CO2 par l’emploi, exclusif à terme, de véhicules électriques. Son projet, développé à l’Institut de Pédologie de l’Université de Lausanne, consiste dans les grandes lignes à capter le CO2 via de la poudre de roche et, ce faisant, à reproduire par mimétisme le processus selon lequel la Terre stocke son carbone dans le réservoir géologique carbonaté (le calcaire ou le marbre, par exemple). Le dispositif, concrétisé dès ce printemps, permet en théorie de stocker du CO2 par l’intermédiaire de l’altération chimique des roches silicatées. L’épandage de poudres provoque une réaction naturelle, dite d’Urey, qui induit l’évacuation des carbonates par les rivières, puis vers l’océan, au fond duquel les carbonates seront sédimentés. 
Si cette aide indirecte à la planète dans son évacuation du CO2 est présumée bonne à long terme pour le climat, son impact à court terme doit être évalué scientifiquement, notamment sur les terres du Domaine.

Pamela Chiuppi