Les 30èmes Caves ouvertes de Genève

Les Trentièmes Caves ouvertes de Genève ont été l’occasion de marquer le coup. Cet évènement aujourd’hui incontournable était pionnier en Suisse à l’époque. Le 20 mai passé la quasi totalité des caves du canton (environ 90) a accueilli la population.  

Troisième canton viticole de Suisse, Genève jouit d’une situation spécifique avec ses trois régions. Le Mandement est traditionnellement la région la plus fréquentée. Il y a  aussi les régions entre «Arve et Rhône» de Lully, Bernex, Soral et «Arve et Lac» avec Jussy, Anières et Gy. A l’occasion de ce trentième anniversaire, chaque cave parrainait une personnalité.  En fin de journée, les parrains se sont retrouvés sous les Canons en face de l’Hôtel de Ville. Le conseiller d’Etat Pierre Maudet revenait d’une visite dans huit caves et se disait «heureux de cette journée ensoleillée à l’issue de laquelle on a fini par boire un canon. C’est une excellente opportunité de développer la qualité de l’accueil. Nos vins ont du succès. «L’esprit de Genève» de Florian Barthassat a été présenté la semaine passée à Pékin par la meilleure ambassadrice qui soit: la conseillère fédérale Doris Leuthard. Cet excellent cru a connu un immense succès là-bas. Cela les a vraiment impressionnés. Nos hôtes ne connaissaient pas Genève sous cet aspect-là. D’ailleurs, nous allons encourager le développement de l’offre dans le tourisme rural, c’est un aspect intéressant de Genève». Nous avons également rencontré le conseiller d’Etat Luc Barthassat sous les Canons, de retour de ses 8 caves avec la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta et le conseiller d’Etat Mauro Poggia. «Nous étions du côté de Dardagny, Laconnex, Soral», expliquait-il. «Il fallait marquer le coup et soutenir nos vignerons en cette période difficile, suite au gel». Le conseiller d’Etat en charge de  l’environnement, des transports et de l’agriculture se propose de faire alliance avec ses collègues de Vaud, Neuchâtel et du Valais et aussi de Zürich pour trouver une solution avec le conseiller fédéral Johann Schneider Amman: «il faut faire attention au stock et que les prix ne se cassent pas la figure. Nous laisserions ainsi la place à la concurrence qui nous prendrait des parts de marché. Nous allons faire une évaluation fine de la situation. J’en parlerai avec le président de l’IVV, l’Interprofession du vignoble et des vins de Genève Robert Cramer (également conseiller aux Etats) pour trouver des solutions au manque à gagner des encaveurs». 

Luc Barthassat s’est dit très satisfait de cette journée Portes Ouvertes: «ces dernières années, nous avons profité d’une meilleure collaboration les uns avec les autres dans le domaine des vins. Nous avons gagné en efficacité». L’accès au vignoble a été facilité par la mise en service de navettes TPG gratuites, sur la rive gauche à partir de Vésenaz et sur la rive droite. Parmi le nombre imposant d’encaveurs prêts à recevoir la population et les futurs clients, nous en avons visité un certain nombre sur la rive Gauche. Commençons par la jolie commune de Jussy et son Château du Crest.

Jussy, le Domaine du Château du Crest fête Agrippa d’Aubigné
Fermiers des terres de la fondation Micheli du Crest, Josef Meyer, sa fille Esther Dos Santos-Meyer et Dominic Walter, associés gérants, veillent sur les activités agricoles d’un domaine de 15 hectares, dont un élevage de porcs célébré pour ses qualités et 18 variétés de raisins. Cette année en l’honneur d’Agrippa d’Aubigné, qui restaura le château, le Domaine a concocté une 1ère cuvée spéciale de 1200 bouteilles numérotées, Les Tragiques 2015 (le recueil d’œuvres du poète guerrier). C’est un assemblage à Merlot dominant, Malbec et Gamaret, vieilli 18 mois en fût, superbement orné d’un buste d’Agrippa d’Aubigné sur étiquette d’étain. Dans cet esprit la journée des caves ouvertes, très fréquentée, fut marquée par une ambiance Renaissance du plus bel effet, avec des stands très joliment décorés et des gens du Domaine en costumes d’époque à l’accueil chaleureux.
  www.domaineducrest.ch 

Anières, le Domaine de la Côte d’Or
Sur 7 hectares, au cœur d’Anières et proche du lac, JJ Gavillet et son fils Harald cultivent 14 cépages qu’ils élèvent en fût de chêne. Ils ont 35 000 bouteilles, 15 vins et quelques eaux-de-vie. Le domaine encave depuis 40 ans exactement. En 2016, un chasselas a été vendangé en octobre, passerillé sur des claies jusqu’en janvier, pressé dans un vieux pressoir à vis verticale et fermenté en barrique pour obtenir un vin doux naturel: 500 bouteilles qui se garderont facilement 10 ans. La belle propriété, très fréquentée lors de toutes les caves ouvertes du canton, permet aussi aux visiteurs de déguster tous les jours ouvrables jusqu’à 19 heures (samedi jusqu’à midi), dans un superbe carnotzet ancien (les bâtiments sont contemporains de l’Escalade!). En outre, ce cadre unique et les jardins peuvent accueillir jusqu’à 200 personnes, pour un mariage ou un cocktail d’entreprise. 
  www.lacotedor.ch

Hermance, Raphaël Piuz, 
l’excellence à force de bras

Personnage attachant Raphaël Piuz, bardé de diplômes de Châteauneuf comme de Changins, a plusieurs casquettes: maraîcher, viticulteur encaveur et maraîcher bio. Il est aussi musicien et il a créé, avec sa compagne Olga, le duo de DJ Gypsy Sound. Ils ont plus de mille concerts dans 40 pays, à leur actif. Le domaine (4 hectares, 20 000 bouteilles) existe depuis le début du XXe siècle. A l’origine, il produisait effectivement 10 vins. Il vinifie depuis 2003 et Raphaël, qui l’a repris de son père en 2011, propose maintenant 18 vins, dont le fameux Divina. Quand le millésime le permet, c’est un assemblage de 10 cépages dont le doral aligoté (un croisement chasselas-chardonnay réalisé à Changins), mais aussi un savagnin rose, un savagnin blanc, un pinot gris etc. Il produit aussi quelques moelleux, des vendanges tardives ou des vins doux à sucre résiduel. Il vend sa production directement aux particuliers et travaille avec une vingtaine de bars et de restaurants à Genève, qu’il choisit au feeling. L’homme est des plus sympathiques et le trouver c’est tout simple: à Hermance son entreprise, des deux côtés de la route, touche quasiment la douane. Allez lui rendre visite, ça mérite le détour!
  www.facebook.com/raphael.piuz

Anières, Domaine Villard & fils
Ici, la tradition viticole remonte à 1617. La cave a été créée en 1956 par le père de Philippe Villard, qui a repris la suite. Sur le coteau d’Anières, le vignoble est tempéré par le lac qui le protège du gel et assure un bon mûrissage. 7 crus sont des classiques, 7 autres sont de vraies raretés, dont un savagnin blanc ou un chardonnay, élevés en barrique, un gewürztraminer passerillé, sans oublier l’Esprit de Genève, un assemblage gamay-gamaret élevé en barrique. Sur chaque parcelle, Philippe Villard fait preuve d’une attention particulière: les sélections rigoureuses, le greffage au domaine, les vendanges manuelles, des méthodes proches de la viticulture biologique. Ici aussi, on peut visiter les caves toute l’année et Philippe Villard prend plaisir à faire découvrir ses créations, dans une ambiance chaleureuse.

  www.vinsvillard@bluewin.ch

J.C. Genoud-Prachex / Pascal Claivaz