Les vigneronnes ne manquent pas de talent

Créée en 1998, l’association «Les Artisanes de la Vigne et du Vin» regroupe actuellement 11 femmes et dix domaines. Présente au salon Arvinis qui se déroule à Morges du 2 au 7 avril, l’association a de grands projets pour les mois à venir. Interview avec sa présidente Coraline de Wurstemberger.

Qui sont les Artisanes de la vigne et du vin?
A l’origine, en 1998, nous étions trois vigneronnes: Françoise Berguer, à Satigny, Marie-Thérèse Chappaz, à Fully, en Valais et moi-même, à Mont-sur-Rolle, dans le canton de Vaud. Nous sommes à présent 11 membres sur dix domaines. En effet, celui de la Baudelière, avec ses vignes à Aigle et à Yvorne, est tenu par Christine Delarze et sa fille Stéphanie. Certaines des femmes de l’association sont exclusivement œnologues, d’autres également vigneronnes. Au départ, nous n’acceptions que des femmes seules à la tête de leur domaine, nous avons depuis peu assoupli notre ligne et accueillons des femmes qui sont aidées de leur mari.

Comment devient-on vigneronne?
Nos parcours sont tous différents. Beaucoup d’entre nous avions un métier totalement différent avant de nous lancer dans le monde du vin. Marie-Thérèse Chappaz était sage-femme, par exemple. En ce qui me concerne, j’étais restauratrice de tableaux. Suite au décès de mon père, j’ai repris le domaine qui était dans notre famille depuis 360 ans. S’il fallait nous trouver des points communs, je dirai que nous sommes des épicuriennes au fort caractère. Propriétaires de nos domaines, nous sommes décidées et indépendantes. Au début, nous avons toutes dû faire le poing dans la poche pour percer dans cet univers masculin. Nous nous sommes rassemblées pour émerger et promouvoir ensemble nos produits.

Le vin produit par des femmes a-t-il un succès particulier?
A l’image de ce qui se passe dans nombre de métiers, une femme doit être meilleure qu’un homme pour être reconnue. Dès lors, les gens apprécient l’originalité de notre travail, mais surtout la qualité de nos produits.

Sous quelle forme mettez-vous en valeur votre production à toutes?
Comme nous cultivons toutes des cépages de pinot noir, nous avions imaginé créer une cuvée particulière, mais le projet a été abandonné en raison de contraintes techniques. Mais nous ne manquons pas d’idées. Pour l’instant, toutefois, nous proposons deux coffrets des vins des Artisanes de la Vigne et du Vin, la sélection printemps comprenant un panachage de blancs, rosés et rouges et celle d’automne, de pinot noir pur ou en assemblage.

Quels sont vos projets à court et moyen termes?
Nous préparons actuellement le salon Arvinis, où nous avions été hôtes d’honneur en 2002. Le stand fera comme un écrin. Avec la toile que nous avons choisie, il aura une classe supplémentaire. Chacune d’entre nous présentera en permanence deux de ses vins, et l’ensemble de sa gamme lorsqu’elle sera présente sur le stand afin d’offrir aux visiteurs un large choix de vins au féminin. Mais le grand projet de notre association se déroulera en 2015, avec le premier salon Women in Wine Festival, à Zurich. Notre association devrait s’agrandir ensuite, sous l’impulsion de la relève représentée par Stéphanie Delarze et Mélanie Weber, vigneronnes dans le Chablais et le Lavaux. Nous avons aussi des contacts avec le Tessin et les Grisons, notre association pourrait, à terme, couvrir un peu plus le territoire suisse.

Propos recueillis par Benjamin Philippe

Photo: Coraline de Wurstemberger, du domaine de Hautecour, à Mont-sur-Rolle, présidente de l’association Artisanes de la Vigne et du Vin. / © DR