Zivi a fermé sa porte

Zivi le légendaire magasin de comestibles, spécialiste des beaux produits, a cessé son activé à la fin de ce mois d’avril. Les gourmets se souviennent encore des concours de vitrines que se livraient, à Noël, Zivi, le Coq d’Or, et la Boucherie du Molard. 

Le nom était resté. «On m’appelait Madame Zivi», raconte Françoise Grand. A Vernier à la tête de  Zivi Comestibles SA, elle occupait encore 6 personnes jusqu’au 30 avril passé. «A la grande époque nous avions une vingtaine d’employés». La grande époque c’était celle de la dernière génération des beaux magasins de comestibles du centre de Genève. Lieu gourmand spécialisé dans les produits de la mer, les volailles haut de gamme, le gibier, les foies gras, le caviar, sans oublier les terrines que Françoise Grand confectionnait elle-même, Zivi avait également développé un département vins et champagnes qui allaient avec. «Ça marchait fort. Je me souviens des belles fêtes des grandes familles genevoises. C’était splendide. Tout cela a disparu maintenant».
Le magasin de comestibles Zivi avait également formé beaucoup d’apprentis cuisiniers de la place de Genève. «On donnait des cours de préparations des poissons. Des poissons de qualité, livrés sans arêtes et sans peau: filetés, coupés, salés, fumés, séchés».
La maison Zivi a été créée en 1880 et elle disparaît définitivement, comme beaucoup d’autres commerces de tradition, faute de repreneur. C’est aussi un symbole de la Genève des Rues Basses et de la Rue du Rhône, commerçante et prospère, qui s’en va.

Jusqu’au bout
Dès 1956 son mari (feu Claude Grand, décédé en 2008) âgé de 15 ans se mettait au travail avec son père, rue Caroline (Grand Comestible). En 1982, il rachetait le magasin Zivi de la rue de la Rôtisserie. C’était des années en or, mais c’était difficile quand même. Dans ces années 1980, il y eut en effet les travaux de la gaine technique et ceux de Confédération Centre. «Les belles années ont duré jusqu’en 1991 et la Guerre du Golfe. On livrait les familles, les grandes familles de Genève, mais aussi les restaurants d’entreprises. Jusqu’à la semaine dernière, j’ai préparé des poissons pour des restaurants de crèches et d’écoles». 

Placée à la rue de la Rôtisserie jusqu’en 2005, l’entreprise a repris un laboratoire de fumage de poissons à Vernier. «On s’est mis à fumer nous-mêmes nos saumons, féras et magrets de canards, à la carte ou selon les désirs de chacun. J’ai fait des paniers cadeaux pour les entreprises jusqu’au dernier jour. Cette année, nous avons 50 ans d’activités. Comme je n’ai pas trouvé de repreneur, je n’ai pas voulu renouveler le bail. Je suis finalement contente d’avoir pris cette décision».  
Françoise Grand a 6 petits enfants qui sont déjà grands. Elle a marié l’une de ses petites-filles, samedi passé. Elle pourra désormais fréquenter plus souvent à l’opéra, son autre passion.

Pascal Claivaz