Covid-19 – « On a urgemment besoin d’une vision d’avenir »

A la fin avril, sur 13 mois écoulés, le monde de la restauration en aura vécu 8 sans accueillir un seul client ! Huit mois à se morfondre, à tenter de trouver des solutions, à imaginer demain, à espérer, à y croire, à ne plus y croire, à éprouver des angoisses jour et nuit.

« Je ne suis pas Madame Irma, je n’ai pas de boule de cristal. Si la vaccination est une solution pour arriver à une certaine immunité collective, force est de constater que la Suisse n’avance pas très vite », se lamente Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève.

En attendant, les dossiers de demande de vente d’établissements s’accumulent dans les bureaux des acteurs de l’immobilier commercial. Du côté des tenanciers de restaurants, c’est la paperasse, et souvent les poursuites, qui s’empilent sur un coin de table.

Beaucoup déplorent une certaine approche inhumaine de la pandémie, un manque d’empathie et de renseignements clairs. Laurent Terlinchamp se félicite de la prochaine entrée en fonction de Fabienne Fischer au département genevois de l’économie et de l’emploi : « Elle a axé sa campagne sur l’humain. Nous nous réjouissons de pouvoir collaborer avec elle. Nous avons besoin de justice et de vision. Depuis le début de cette crise, malgré nos demandes répétées, nous n’avons jamais pu avoir une personne de contact pour le dossier des RHT ! Il est urgent que les RHT, qui sont un droit, prennent en compte le 100% des salaires, que les vacances et jours fériés ne soient pas à la charge des restaurateurs, qu’on arrête avec les tracasseries administratives et les punitions qui se traduisent par des jours de délai d’attente si les formulaires n’ont pas été remplis dans les temps. »

Les aides arrivent
Sur le front des aides destinées à couvrir les charges fixes pour les mois de fermeture en 2021, elles avancent à un rythme assez positif. « Cela ne couvre cependant pas les pertes pour 2020, même si le canton de Genève a fait un geste pour novembre et décembre. La Confédération n’a rien donné. En plus, nous devons nous battre pour les établissements qui ont ouvert après le 15 mars 2020. On leur reproche de ne pas avoir été assez prudents en ayant planifié une ouverture à cette période. C’est méconnaître notre profession. Un projet se met en place plusieurs mois à l’avance ! », s’insurge Laurent Terlinchamp. 

A cela s’ajoute la difficulté à obtenir des allocations pour perte de gain. Il faut souvent ronger son frein plusieurs mois pour toucher CHF 60.- par jour… 

Repenser demain
Pouvoir repenser demain est la seule lueur à laquelle tente de s’accrocher le monde de la restauration. « Au bout d’un an, on aura tout vécu. Je constate un véritable manque de vision. Après tous ces mois de fermeture, on ne peut pas nous dire que nous sommes responsables de l’augmentation des contaminations. On autorise 10 personnes à se réunir à la maison. En même temps, on nous dit que 4 convives installés autour d’une table dans un restaurant, c’est un risque… ». Laurent Terlinchamp appelle de ses vœux un plan concret de sortie de crise avec des conditions claires à appliquer pour tous en matière sanitaire.

M. M.