Le meilleur chef du monde est décédé

Benoît Violier, le chef du Restaurant de l’Hôtel de Ville à Crissier a mis fin à ses jours dimanche 31 janvier. Un terrible choc, tant pour ses amis proches que pour l’ensemble de la profession, tellement Benoît Violier était reconnu par tous comme l’un des cuisiniers les plus doués de sa génération.

Le parcours de Benoît Violier force l’admiration. Il a débuté sa carrière dès l’âge de 16 ans par un apprentissage avant de rejoindre Paris en 1991, à l’âge de vingt ans, pour travailler d’emblée auprès des plus grands, tels Joël Robuchon. Il parfait sa formation chez Lenôtre, Fauchon mais également à la Tour d’Argent, avant de rejoindre dès 1996 le restaurant de l’Hôtel de Ville à Crissier, lorsque Philippe Rochat succède à Fredy Girardet. 

Meilleur ouvrier de France
Philippe Rochat, lui-même brutalement décédé l’été dernier, devient rapidement son mentor et l’encourage à présenter le concours du meilleur ouvrier de France en 2000. Benoît Violier réussit brillamment l’épreuve et c’est tout naturellement que Philippe Rochat lui confie la lourde charge de lui succéder à la tête du restaurant de l’Hôtel de Ville à partir de 2012. Il saura s’en montrer digne puisqu’il conserve les trois étoiles au guide Michelin acquises en 1998. Les distinctions n’ont cessé depuis de l’honorer: sacré cuisinier de l’année en 2013 par le Gault&Millau suisse, il était désigné comme le meilleur cuisinier du monde par «la Liste», palmarès des mille tables d’exception dans le monde, réalisé sous l’impulsion du Quai d’Orsay, en novembre dernier.
Stupeur et consternation
Personne ne comprend le geste désespéré de Benoît Viollier, lui qui, selon ses proches, fourmillait de projets et qui s’était réjoui de la victoire de son jeune chef de partie, Filipe Fonseca Pinheiro au Bocuse d’Or Suisse, qui le qualifie pour le Bocuse d’Or Europe qui se déroulera à Budapest les 10 et 11 mai prochain. Serait-ce la perte de ses deux pères l’année dernière, tous deux disparus à quelques mois d’intervalles, son véritable père en avril suivi de Philippe Rochat en juillet qui pourrait expliquer ce drame? Nul ne le sait.

Hommage unanime
Dès l’annonce de la funeste nouvelle, dimanche 31 janvier en fin d’après-midi, les hommages des plus grands chefs se sont multipliés à commencer par Fredy Girardet, très ému et complètement abasourdi qui déclarait avoir beaucoup aimé ce brillant élève plein de talent, à l’impressionnant potentiel de travail. Paul Bocuse saluait un grand chef, un grand homme au gigantesque talent, tandis que Marc Veyrat ou encore Anne-Sophie Pic étaient anéantis à l’annonce du décès de ce chef d’exception. Le guide Michelin, qui dévoilait le lendemain son classement 2016 à Paris s’est dit bouleversé par la disparition de ce chef à l’immense talent. La direction du journal Le Cafetier, ainsi que toute l’équipe adresse ses plus sincères condoléances à la famille ainsi qu’à la brigade, que Benoît Violier appelait ses «guerriers».

Frédéric Finot