Madeleine et Jean-Yves Fuchs-Mabillard

Vivre de sa passion:  n’est-ce pas un doux rêve qui sommeille en chacun d’entre nous ? Si peu d’individus sont assez téméraires et habités pour relever le défi, Madeleine et Jean-Yves Fuchs-Mabillard l’ont fait, par amour de la terre.

Partis de quasi rien en 1993 avec un lopin de vigne en location, le couple de viticulteurs-encaveurs de Venthône a pris le taureau par les cornes et s’est fait une place de choix parmi les caves valaisannes, sans pour autant faire de compromis sur ses goûts, ni céder à des phénomènes de mode ou à la loi du marché.

«Nous avons la chance de produire les vins que nous aimons» nous confie Madeleine Mabillard. En même temps, choisir d’être indépendants implique d’assumer à la fois les risques et les bénéfices de son exploitation. Le choix de la liberté s’imposait aux deux compagnons de route.

Arrivée dans le métier via la viticulture et imprégnée de l’activité de ses parents, Madeleine Mabillard-Fuchs est l’une des premières Valaisannes diplômées comme Ingénieure ETS en viticulture et œnologie. Une femme dans un métier d’homme, penseront certains rétrogrades. Or, il s’avère que les métiers eux aussi s’émancipent. Le couple partage d’ailleurs les tâches en fonction de ses affinités naturelles. «Au moment de la dégustation, c’est moi qui prends presque toujours les décisions techniques» indique Madeleine, «Personnellement, je n’aime pas trop le travail de cave avec les bottes, l’eau…» ajoute-t-elle amusée.

Cette belle alchimie touche au cœur par son naturel et son authenticité: un vrai bonheur que de toucher du doigt une symbiose si harmonieuse et joyeuse. Elle se reflète à la fois dans les échanges que l’on peut avoir avec le couple, et évidemment dans les vins de qualité qu’ils conçoivent et produisent, élevés comme leurs propres enfants au sein de leur cave. 

On y trouve par exemple «l’Alzarine», un fruité complexe à boire dans les cinq ans. Formulé sur une base de pinot noir à plus de la moitié du volume, s’y rajoutent du gamay, du gamaret et du diolinoir. Le vin le plus connu de la cave reste toutefois l’Humagne blanc. L’un des fils du couple s’est d’ailleurs laissé tenter par l’enthousiasme de ses parents. Si aucun d’eux n’a fait le forcing pour la continuité de l’exploitation, la maman se réjouit de cette décision qui vient de lui, en toute conscience du métier et de sa dureté.

Certes, les lois du marché et de l’économie peuvent parfois changer la donne, à l’image des années de surproduction des années 80 avec l’effondrement des prix. Et chaque phase de la vie d’une entreprise offre son lot de défis. Il appartient à chaque entrepreneur de savoir se réinventer, tout en restant lui-même.

Sandy Métrailler