Nouveau concept touristique pour Neuchâtel

Le tourisme suisse souffre depuis longtemps de sa cherté, poussant communes et cantons à revoir leur stratégie pour attirer les amateurs de tourisme de qualité. Neuchâtel présente son nouveau positionnement orienté «Belle Epoque», qui s’ancrera dans le concret de l’activité régionale. 

L’évolution du nombre de visites des villes de la région Trois Lacs ces dernières années sont éloquentes. En effet, les villes qui ont trouvé un positionnement exclusif, basé sur l’authenticité et la légitimité, ont vu le nombre de visites augmenter de manière assez spectaculaire.

L’impact d’un message clair
L’inscription de la Chaux-de-Fonds/Le Locle au patrimoine de l’UNESCO en termes d’urbanisme horloger a vu le nombre de visites passer de 20 en 2005 à 240 en 2016, à «La Tchaux». Cette avancée est due principalement à son recentrage identitaire dans le domaine très spécifique de l’urbanisme horloger. Il caractérise cette zone géographique organisée autour de l’industrie de la montre et des icônes de l’art nouveau comme Le Corbusier. 

Ainsi, Soleure est devenue la capitale baroque de notre pays (plus de 1000 visites de ville par an, conduites par 35 guides agréés). Morat, grâce à son positionnement médiéval, recense 400 visites par an. L’impact indiscutable d’une identité de marque claire, basée sur des éléments légitimes et concrets, a mené Yann Engel de Tourisme Neuchâtelois et la sphère touristique locale à fait une recherche poussée pour renouer avec l’histoire de la ville.

Neuchâtel et la Belle-Epoque
«Le positionnement de la Chaux-de-Fonds comme ville porteuse de l’urbanisme horloger a eu un impact positif direct sur les visites de ville. La Suisse étant belle partout, il était important pour nous de trouver pour Neuchâtel un axe de différenciation authentique et légitime, basé sur des faits», explique Yann Engel. «L’arrivée du Vapeur Neuchâtel, complètement restauré par des bénévoles, a été le déclencheur. Cette opération incroyable, et son résultat remarquable, ont conquis le cœur des Neuchâtelois. Son lien avec la Belle-Epoque présente un réel intérêt touristique. Construit en 1913, le bateau était synonyme de plaisir à bord. Mais une fois à quai, la magie s’étiolait. Nous voulons faire perdurer cette magie, une fois à terre», continue-t-il.

Avec l’appui d’historiens et de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (BPU), un inventaire des éléments historiques pertinents et inédits entre 1896 et 1914 a été dressé. Arrivée de l’électricité publique et de l’eau courante, construction de nombreux hôtels et du funiculaire La Coudre-Chaumont, notoriété déjà mondiale de la marque Suchard et de l’absinthe, les contours du concept Belle-Epoque se précisaient pour aboutir sur les éléments constitutifs d’une visite d’une heure et demie.

Activités intégrées
Parmi le riche programme de ce concept de tourisme expérientiel, chacun sera l’acteur de sa visite, par exemple en dégustant l’absinthe ou les chocolats Suchard ou en participant à des jeux d’époque (cerceau, marelle). A la Place Pury le Tramoscope, un tram d’antan, invite à revivre en quelques minutes une journée historique. Rien n’est laissé au hasard pour une parfaite cohérence, qui se poursuivra à la Semaine du Goût de septembre. Un menu Belle-Epoque a été composé avec GastroNeuchâtel à l’occasion de la conférence de presse sur le Vapeur Neuchâtel. Il y a de quoi attiser la créativité des restaurateurs pour la mise en valeur des produits locaux. «Nous travaillons en étroite collaboration avec les acteurs de la gastronomie, dans un esprit de coopération pour le bien commun», indique Yann Engel. Côté promotion internationale, un clip de 20 secondes sera bientôt visible à l’Aéroport de Genève.

Yann Engel voit déjà les effets de ce repositionnement: «le pré-lancement local en août dernier avait induit une forte augmentation du nombre de visites guidées en septembre-octobre. La Belle-Epoque permet un lien généalogique récent, si bien que les visiteurs arrivent à mettre des noms sur les commerces et les évènements qui ravivent un lien affectif». Et de conclure: «il faut le voir pour le croire!»
Pamela Chiuppi